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L’écrivain et l’imprimeur.

Université du Maine, 7-9 octobre 2009.

lundi 9 mars 2009, par Guillaume Berthon

Présentation

Le livre est d’abord un objet manufacturé inscrit dans un processus de fabrication qui va de la copie à la vente en passant par l’impression. Des contraintes techniques modèlent le texte depuis sa rédaction originelle jusqu’à sa sortie des presses.

L’écrivain qui livre son texte pour qu’il soit imprimé conserve la possibilité d’intervenir dans la fabrication de son livre, d’orienter certains choix typographiques, de veiller à la qualité, de modifier et de corriger le texte. Mais il peut aussi opter pour l’indifférence et se tenir à l’écart de ces questions matérielles, abandonnant son texte aux aléas de sa fabrication. Parfois la volonté d’intervenir est contrecarrée par la précipitation ou l’indélicatesse des imprimeurs.

La mise au jour d’un livre est davantage associée au nom de l’écrivain qu’à celui de l’imprimeur. Le travail de mise en forme est généralement oblitéré au bénéfice de la relation entre l’ouvrage et son concepteur. Toutefois, le typographe n’est pas toujours l’inconnu de service et conserve la possibilité d’intervenir de manière déterminante dans le processus de fabrication, surtout lorsque c’est la même personne qui exerce en même temps les deux métiers : le cas n’est pas rare à la Renaissance. Un imprimeur peut également décider de prendre la plume pour rendre compte de son art en publiant un traité typographique (Martin-Dominique Fertel, Momoro…) ; un compagnon typographe peut se distinguer dans la pratique d’un genre littéraire (Rétif de La Bretonne).

Le premier objet de ce colloque sera d’examiner les différentes attitudes que peuvent adopter des écrivains face à l’atelier typographique, et d’évaluer les conséquences des comportements pour la vie des textes, leur histoire, leur établissement.

Des études de cas pourraient permettre de comprendre les motivations de tel ou tel écrivain dans un contexte particulier, et de recenser les pratiques effectives dans différents domaines : relations harmonieuses ou conflictuelles avec l’atelier d’imprimerie, corrections, directives données, intervention directe ou par le biais d’un correspondant, visée esthétique, sens pratique, innovations typographiques. Il est intéressant aussi d’envisager l’aspect contractuel des relations entre écrivains et imprimeurs, grâce à l’étude des marchés d’impression. Tout autant de préciser la place des deux protagonistes dans un circuit de production où interviennent d’autres acteurs.

Les attitudes des écrivains varient en fonction de leur goût, de leurs intérêts, du contexte esthétique ou économique particuliers dans lequel ils s’inscrivent. Quelques formes majeures se dégagent : protestation, indifférence, intérêt, collaboration effective. Comme le champ d’investigation semble vaste, nous focaliserons notre attention sur les écrivains qui se sont réellement impliqués dans la fabrication de leur ouvrage, sans se contenter d’une relation purement intellectuelle ou esthétique au livre.

On voudrait également porter un regard archéologique sur les imprimés afin de déceler les indices de l’intervention de l’auteur et de l’imprimeur sur les textes au moment de leur fabrication. Ce type d’investigation oriente l’éditeur scientifique qui cherche à établir les textes, reconstituer un parcours éditorial. Les choix dépendent des différents états du texte et de la filiation entre ces états. La découverte de manuscrits annotés, d’épreuves corrigées, de feuilles révélant des états inconnus sont susceptibles de faire progresser notre connaissance, autant que l’affinement des méthodes archéologiques.

Le colloque se propose enfin de mieux connaître les ateliers d’imprimerie qui ont mis en lumière les textes des écrivains. La recension et l’inventaire des ornements demeure un outil privilégié pour identifier les imprimeurs, et leur attribuer la responsabilité d’une fabrication, en tout ou partie. Il en va de même pour les habitudes typographiques. Il est par ailleurs nécessaire de mesurer l’importance des partages d’impression, d’établir les conditions et les conséquences de la distribution entre plusieurs typographes. Il importe de réfléchir aux méthodes aidant à recueillir les ornements, aux procédés qui facilitent leur comparaison. Parallèlement la recherche historique doit permettre d’établir la géographie urbaine des ateliers, la dynamique des réseaux, d’apprécier de manière quantitative la production selon les genres littéraires, d’estimer les conditions d’intervention de l’imprimeur et de l’écrivain dans le cadre social et historique qui s’impose plus ou moins à eux, d’apprécier les liens privilégiés entre tels écrivains et tels imprimeurs. L’intérêt porté aux imprimeurs offre de plus l’occasion de mettre en exergue l’attitude de ceux qui ont pris la plume pour vulgariser leur art, et de ceux qui sont devenus des écrivains à part entière.

Le colloque n’oubliera pas d’étudier la qualité typographique. Afin tout d’abord de préciser les règles esthétiques propres à une période, ou à une aire géographique, d’établir ensuite des échelles qualitatives, de considérer enfin l’attitude des typographes et des écrivains vis à vis des niveaux de qualité, et des innovations typographiques de tous ordres.
L’accent mis sur la réalité matérielle de la fabrication des livres reste un impératif de sélection des interventions. En ce qui concerne le choix des écrivains, on ne retiendra que ceux qui ont franchi le seuil des ateliers d’imprimerie.

La perspective adoptée sera diachronique afin de repérer les constantes ou les différences d’une période à l’autre, panoramique de manière à explorer différents genres et pratiques littéraires, pluridisciplinaire pour encourager le dialogue entre la plume et la lettre.
Dans la mesure du possible, on souhaite que les interventions soient illustrées par la projection de documents.

Les communications se feront en français.

Les actes feront l’objet d’une publication.

Interventions enregistrées

- Frédéric Barbier (ENS, EPHE, Paris) : tournant du XVe/XVIe siècle, Sébastien Brant
- Alexandre Vanautgaerden (Conservateur du musée de la Maison d’Erasme, Anderlecht, Bruxelles) : Erasme et la mise en page de ses livres.
- Annie Charon (Ecole nationale des Chartes, Paris) : marchés d’impression du XVIe siècle autour d’André Thevet ou de Nostradamus.
- Jean-François Gilmont (Genève) : Jean Crespin, auteur et imprimeur du martyrologe genevois (1554-1570).
- Alain Dubois (Collaborateur scientifique aux archives du Valais, Sion, Suisse) : Jacob Stoer, imprimeur genevois (1542-1610).
- Jean-Eudes Girot (Université de Valenciennes) : Paul Manuce (1512-1574)
- Isabelle Pantin (Université Paris X, Nanterre) : responsabilité partagée des auteurs et des imprimeurs pour la graphie et la mise en page (milieu XVIe siècle, Jacques Peletier du Mans)
- Lukas Erne (Université de Genève) : auteurs anglais, XVIIe siècle
- Isabelle de Conihout (Bibliothèque Mazarine, Paris) : Guez de Balzac, Œuvres diverses, 1644.
- Michel Schlup (Neuchâtel, Suisse) : Réflexions d’auteurs sur le travail des imprimeurs neuchâtelois à la fin des Lumières..
- Cecil Patrick Courtney (Christ’s college, Cambridge) : Montesquieu et les imprimeurs de L’Esprit des lois (1748-1758)
- Françoise Weil (Dijon) : L’auteur, l’éditeur et l’imprimeur à la fin de l’Ancien Régime
- Wallace Kirsop (Université de Monash, Australie) : imprimeurs et auteurs du XVIIIe siècle
- Dominique Varry (Enssib, Lyon, EPHE, Paris) : Jean-Jacques Rousseau et Marc-Michel Rey.
- Takayuki Kamada (Université de Nagoya) : Fonctionnement de la technique des épreuves chez Honoré de Balzac
- Jean-François Botrel (Université Rennes 2) : Leopolda Alas dit Clarìn (1852-1901)
- Brigitte Ouvry-Vial (Université du Maine) : l’absolutisme tatillon de Mallarmé
- Nathalie Gibert-Joly (Université du Maine) : Vercors et l’imprimerie
- Brigitte Félix (Université du Maine) : livre d’artiste américain contemporain
- Jérôme Morillon/Didier Travier (Conservateurs du fonds ancien, Médiathèque, le Mans)

Organisation

Alain Riffaud
MCF, HDR, Université du Maine, Le Mans.
Directeur-adjoint de l’Equipe d’Accueil Labo 3L•AM (Labo Langues, Littératures et Linguistique des universités d’Angers et du Maine).
a.riffaud@wanadoo.fr
17 rue Jean Macé, 72100 Le Mans
Tél. : 02.43.41.47.70

P.-S.

Illustration : Presses, détail, 1568 (source : Wikimedia Commons).

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