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Corps sanglants, souffrants et macabres
Expire le 30 novembre 2007
jeudi 8 novembre 2007, par
Le département de littérature, de civilisation et des langues européennes de l’Université d’Oslo, l’équipe de recherche « Représentation  » (EA 3458), Université Paris-X, et l’équipe de recherche « Formes et idées de la Renaissance aux Lumières  » (EA 174) de Paris-III organisent le 14 juin 2008 un colloque sur le thème "Corps sanglants, souffrants et macabres".
Les propositions de communication sont à rendre pour le 30 novembre 2008. Le colloque se tiendra à Oslo.
"L’ostentation des corps sanglants, souffrants et macabres constitue l’une des caractéristiques de la littérature et des arts européens du XVIe siècle et du XVIIe siècle, et ce au point de devenir, notamment sous la plume de Jean Rousset, un élément constitutif du « baroque  ».
Durant cette période, la violence à l’encontre des corps se trouve représentée tant dans les arts visuels que dans l’ensemble des genres littéraires : en matière de corps violenté, le « Schelette […] Decharné  » des poèmes de Ronsard et de Chassignet, les histoires tragiques autour des « coeurs mangés  » ou encore les corps sanglants exposés sur la scène du « théâtre de la cruauté  » ne le cèdent en effet en rien aux gisants convulsés étudiés par Erwin Panofsky ou aux corps éventrés des gravures du Théâtre des cruautés des hérétiques de ce temps de Verstegan. L’ouverture des corps et des tombeaux, dont parle notamment Gisèle Mathieu-Castellani, semble ainsi répondre à « une curiosité de voir, de voir ce qui ne doit pas être vu  » (Emblèmes de la mort).
La violence exercée sur les corps, telle que nous l’entendons ici, est celle de l’homme envers son semblable : combats, tortures, viols, châtiments corporels, exécutions, cannibalisme, sévices post mortem... Mais elle est également la violence de la maladie et du temps qui s’imprime sur le corps humain pour en faire un corps souffrant, perclus, puis un cadavre exposé à la pourriture et à la décomposition, figuration « directe  » et donc « macabre  » de la mort, pour reprendre la terminologie de Claude Blum.
Afin de susciter une réflexion autour des modes de représentation de ces corps sanglants, nous souhaitons rassembler des chercheurs dont les travaux appartiennent à la fois aux champs de la littérature et des arts visuels mais également de l’histoire, du droit et de la médecine.
Pour comprendre ces représentations littéraires et artistiques de la violence faite aux corps, il nous paraît en effet intéressant de suivre la démarche de Quentin Skinner afin de connaître la société dans laquelle elles ont été écrites et d’étudier le contexte externe des conventions en vigueur mais également le contexte interne, c’est-à -dire le « monde mental  » de l’écrivain ou de l’artiste qui leur a donné forme.
Ainsi, en s’inspirant de travaux historiques comme celui de Denis Crouzet sur « la violence au temps des troubles de religion  », nous tenterons de comprendre pourquoi et comment une telle ostentation de la violence corporelle se fait jour aux XVIe et XVIIe siècles. Pour établir ce contexte, les recherches pourront porter sur toutes les « disciplines  » qui exercent une violence sur les corps : religion, droit, politique, médecine, anatomie… Comme le souligne Michel Foucault, « le corps est aussi directement plongé dans un champ politique ; les rapports de pouvoir […] l’investissent, le marquent, le dressent, le supplicient, l’astreignent à des travaux, l’obligent à des cérémonies, exigent de lui des signes  » (Surveiller et punir) et en cela il sera pertinent d’envisager les modifications des représentations du corps sanglant, souffrant ou macabre à travers les évolutions des conceptions politiques, religieuses ou encore médicales du corps humain.
Les communications pourront s’interroger sur les fonctions et les modalités de la représentation de la violence exercée sur le corps humain dans les oeuvres d’un seul auteur ou artiste, mais également dans une perspective comparatiste trans-genres et trans-nationale.
À titre indicatif, nous proposons les pistes de recherche suivantes :
– La « mort en mouvement  » (J. Rousset) et « the gourmandise of the worms  » (Terrence Cave) : une esthétique du cadavre convulsé en littérature (Ronsard, Chassignet, Auvray, La Ceppède) et dans les arts visuels (gisants, vanités, livres d’emblème).
– Adoration des plaies et des souffrances : une nouvelle représentation du corps sacré, liée au Concile de Trente (iconographie religieuse, tragédies de martyrs, poésie de la Passion)
– L’homme microcosme à l’image du macrocosme étatique et cosmique : le corps sanglant comme image de la remise en cause de l’ordre du monde (portraits de la France en mère affligée, propagande protestante et ligueuse)
– Exécutions publiques, massacres : comment traduire une expérience quotidienne du corps violenté (Le Recueil de Tortorel et Périssin, Les Tragiques de d’Aubigné, histoires tragiques, tragédies politiques d’actualité, « tragédies de l’échafaud  » (C.Biet))
– L’expérience anatomique : ouvrir le corps mort pour comprendre le corps vivant (Vésale, la dissection publique comme spectacle théâtral)
– La rencontre de l’autre : cannibalisme et violences « barbares  » (récits de voyage et leurs illustrations, tragédies « exotiques  »)"
On trouvera les informations pratiques ici.
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