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Dürer et Cranach. Art et humanisme dans la Renaissance allemande

Alors que l’exposition Patinir vient de se terminer au Prado, la fondation Thyssen dresse un panorama de la Renaissance artistique allemande àtravers Dürer et Cranach

lundi 15 octobre 2007, par Antoine Roullet

La fondation Thyssen et la fondation Caja Madrid proposent une vue d’ensemble sur la peinture allemande du premier XVIe siècle, autour d’une exposition répartie sur deux sites. 234 oeuvres, provenant de grandes collections publiques - dont les Dürer du Prado voisin - et de collections particulières, sont présentées au public, dont 16 peintures de Dürer et 26 de Cranach l’ancien. Au musée Thyssen est exposée la partie consacrée aux artistes, et àla fondation Caja Madrid, l’exposition propose un parcours qui met plus en avant le lien avec l’évolution politique et religieuse du XVIe siècle, toujours àpartir des oeuvres. L’exposition a été mise en place par Fernando Checa, ex-directeur du Prado et Mar Barovia, conservatrice de la fondation Thyssen pour la peinture ancienne.
La fondation Thyssen présente 7 salles sous le titre "Le Monde des artistes". La première essaie de dégager une image de l’artiste allemand, autour de quelques autoportraits, dont le plus célèbre, conservé au Prado (1498) et des gravures les plus fameuses de Dürer. C’est l’occasion de comparer sa Melencolia I (1514) àcelle de Cranach l’ancien (1534). La seconde salle est consacrée àla ville de Nuremberg, et àquelques une des commandes que la ville a fait àDürer, qui est le véritable fil directeur de l’exposition. Outre des vues de la ville et un aperçu général, mais en définitive assez succint de sa production artistique (une statue de la vierge àl’enfant en bois, une coupe en or, des vitraux sur des dessins de Dürer), on pourra apprécier les travaux de Dürer sur les chars allégoriques en l’honneur d’une entrée de Maximilien dans la ville. La salle suivante suit toujours Dürer en priorité, àtravers l’influence vénitienne de Bellini, notamment sur une Vierge àl’enfant (1498) et au Jésus parmi les docteurs (1506), exposé avec deux dessins préparatoires.
Les deux pièces suivantes apportent une vue plus générale autour de deux thèmes : "Sorcières, monstres et nus", et "Nouvelles Conceptions de la beauté", où l’on croise des gravures de Hans Wechtlin, Martin Shongauer àcôté de celles de Cranach l’ancien et Dürer, dont sa Nemesis (1502), et quelques oeuvres fameuses : Deux Sorcières, 1523 d’Hans Baldung Grien et les Trois âges (1539) - mais sans les trois grâces - , une Salomé, (1530), la Nymphe àla fontaine (1518) et Judith et Holopherne (1530), de Cranach l’Ancien, ainsi que son Samson et Dalida (1537. Les deux pièces suivantes se concentrent ànouveau sur Dürer, d’abord pour examiner ses rapport àla science et son apport àla théorie esthétique de la Renaissance, en exposant les traités théoriques qu’il a écrit vers la fin de sa vie, et ensuite son rapport àla nature, notamment àpartir de quelques une de ses gravures animalières, comme le Lion (1521) ou le Rhincéros (1515). Enfin la dernière salle pose la question du "portrait allemand", en comparant des portraits de Dürer (Portrait d’un clerc (1516), Portrait de son père (1497)) et de Cranach (Portrait de jeune femme (1526))
Si l’exposition permet de montrer indéniablement au public des oeuvres exceptionelles pour certaines, on peut regretter les explications trop rapides, qui laissent parfois àpenser que certains thèmes sont simplement effleurés (le rapport au paysage notamment). Dans une exposition qui voit large (Art et humanisme en Allemagne), les références àla culture humanistes évidemmen très présentes dans les oeuvres restent pour l’essentiel assez implicites, notamment dans la salle consacrée àla théorie de la peinture.
La seconde partie de l’exposition, gratuite, àla fondation Caja Madrid, a pour ambition d’élargir un petit peu le champ en reliant les oeuvres des artistes au contexte plus général : la réforme, les luttes religieuses, et les mutations des arts de la guerre notamment. Le découpage est parfois un peu hasardeux (pourquoi mettre la série de l’Apocalypse de Dürer àla suite des arts de la guerre, alors que le début de l’expositioin est consacré àl’image religieuse ? ) et les précisions d’ordre historique et/ou esthétiques restent inexistentes, mais les oeuvres exposées méritent très largement qu’on s’y arrête : une Crucifixion (1529) et le Martyr de Sainte Catherine (1505) de Cranach, plusieurs oeuvres consacrées àCharles, àcommencer par des portraits et la Chasse du château de Torgau (1544). La dernière salle consacrée àl’art militaire expose notamment des dessins de Dürer sur les lansquenets, àl’occasion d’une parade militaire organisée àMunich, et une armure, pour illustrer la guerre du premier XVIe siècle : une fin d’exposition qui invite plutôt àaller visiter l’armurie du Palacio Real, àquelques pas.

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