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Séminaire "Polysémie"

L’Image de la Renaissance au premier XVIIe siècle

dimanche 6 octobre 2013, par Blandine Perona

Encadré par une équipe de jeunes chercheurs, le séminaire « Polysémie  » explore chaque
année une notion choisie pour sa richesse sémantique àla Renaissance et au premier XVIIe siècle,
et pour la variété des champs d’étude qu’elle permet d’aborder : l’année 2013-2014 sera consacrée
au thème de l’image.

Pour explorer cette notion, « Polysémie  » met àl’épreuve une nouvelle formule. Nous
explorerons notre thème annuel en cinq séances, chacune d’entre elles déclinant un axe spécifique
de la problématique, afin d’éclairer de manière complémentaire les multiples facettes de notre
sujet. Chaque séance comportera une mise au point sur l’état de la recherche, par le biais de
comptes rendus d’ouvrages critiques, et deux communications.

ï ¶ Les comptes rendus porteront sur des ouvrages critiques ayant joué un rôle-clé, dans leur
et leur méthodologie, pour la problématique de la séance. Après avoir rappelé l’objectif
critique du livre présenté, on résumera les grandes étapes de l’analyse pour dégager les
enjeux et les apports de ce parti-pris pour l’appréhension du thème de l’image àla
Renaissance. L’intervenant sera invité àexprimer les limites ou les prolongements qu’il
envisage àla suite de sa lecture et àen tirer des hypothèses de travail qui pourront donner
matière àdébat. Le compte-rendu nous est apparu un exercice stimulant et formateur
pour « frotter et limer nostre cervelle contre celle d’autruy  ».

ï ¶ La suite de chaque séance sera consacrée àdeux interventions, toujours en lien avec la
problématique retenue, lors desquelles nous invitons les chercheurs et tout
particulièrement les jeunes chercheurs qui travaillent sur l’image àvenir nous présenter
leurs travaux. Les interventions, suivies d’une séance de questions pourront déboucher
sur un échange plus général et toujours amical.
Nous invitons ainsi tous ceux qui souhaitent participer au séminaire àproposer des
contributions pour une communication et/ou un compte rendu – ce dernier pourra porter aussi
bien sur un ouvrage critique nouvellement paru que sur un « classique  ».

Le thème que nous vous proposons pour l’année 2013-2014 est « Image  ». Conscients de
l’ampleur d’un tel sujet, nous voudrions l’aborder sans présomption ni prétention d’exhaustivité,
mais non sans exigence : c’est précisément la diversité de ses champs d’application et de ses
significations qui nous pousse àmettre ce thème sur le métier et àle soumettre àune réflexion
collective, plurielle et transdisciplinaire. Il nous semble offrir un point de rencontre idéal pour un
séminaire s’adressant àde jeunes chercheurs désireux d’appréhender leur période d’étude dans
toute sa complexité.
L’image renvoie tour àtour àl’iconologie (y a-t-il un langage propre àl’image ?), àla
stylistique (la représentation suscitée par l’emploi de figures comme les tropes), la philosophie
(réévaluation du statut de l’image dans le néoplatonisme ficinien, renouvellement des lectures
aristotéliciennes), la théologie et les pratiques liturgiques (tendances iconoclastes et iconophiles,
qui ne recoupent pas systématiquement la partition entre Réforme et Contre-Réforme),
l’épistémologie (capacité de l’image et de l’imagination àfaire accéder àla vérité). Aucune de ses
approches n’en épuise le sens.

Le statut et le rôle de l’image au XVIe et au début du XVIIe siècle sont très éloignés des
usages contemporains. L’image, en tant que produit de l’imagination, l’une des principales
facultés de l’âme, est au cÅ“ur de l’« anthropologie  » de la Renaissance qui s’interroge sur sapuissance persuasive et émotive ainsi que sur les mécanisme psychiques et cognitifs qu’elle met
en jeu, notamment dans les traités des passions. Omniprésente, elle demande àêtre analysée
selon des termes et critères spécifiques àcette période. Moment d’exploration enthousiaste et
renouvelée, l’on s’y essaye àtoutes les combinaisons possibles du texte et de l’image : emblème,
hiéroglyphe au sens donné par les humanistes, livre-galerie, arts de mémoire, etc.
Nous espérons ainsi mieux évaluer la dimension matérielle et visuelle de la culture de la
Renaissance et du XVIIe siècle, en prenant en compte l’inscription des signes sur la page, et en
considérant le livre comme un objet tangible et visible. Un des premiers modes d’inscription du
rapport texte/image se fait dans la matérialité de l’ouvrage imprimé (gravure, taille-douce, etc.).
Tant s’en faut pourtant que l’image se réduise àun rôle illustratif : sa relation avec le texte est
bien souvent, au contraire, le point de départ d’une interrogation herméneutique.
Le renouveau pédagogique place l’image au cœur du processus éducatif, que ce soit,
comme chez Érasme, par une réflexion sur l’enargeia ou plus tard dans les collèges jésuites qui
n’hésitent pas àrecourir àdifférents supports d’images dans l’enseignement (tableaux, estampes à
sujet religieux, historique ou moral ; livres illustrés sur l’histoire sainte, l’histoire de France, la
mythologie, planches didactiques, etc.). L’image est également partie prenante de la quête d’un
langage universel, plus proche des mystères divins qui ne se laissent pas réduire au seul langage
verbal.
Comment « lit-on  » une image àcette époque ? L’image signifie-t-elle de la manière que le
texte ? Quel est le sens du ut de «  ut pictura poesis  » : rapport d’identité entre les deux ou simple
similitude métaphorique ? Doit-on opposer systématiquement une lecture rhétorique de l’image à
un type d’analyse fondé sur le concret des formes, qui souligne que textes et images ne sont pas
réductibles l’un àl’autre ?

Nous avons défini les cinq axes de recherche suivants pour orienter les problématiques
de nos séances. Il s’agit làd’une proposition, qui pourra être nuancée et complexifiée selon les
propositions de communication.

  • 1. Image et imagination. Les rapports qu’entretiennent la faculté imaginative et l’image, notamment dans les textes médicaux, rhétoriques ou fictifs seront àexplorer.
  • 2. Image et texte. Il s’agira d’étudier les rapports qu’entretiennent les images imprimées (emblèmes, illustrations, marques typographiques d’imprimeurs, etc.) avec le texte en regard duquel elles s’inscrivent.
  • 3. Rhétorique de l’image. La place et l’usage de l’image dans les Belles Lettres (rhétorique, poésie, fiction narrative ou dramatique). Les figures de l’enargeia (description, hypotypose, ekphrasis) ou encore la métaphore, connue depuis Aristote pour sa capacité imageante, pourront faire l’objet d’études spécifiques.
  • 4. Pédagogie et exemplarité. L’image sera ici envisagée comme technique didactique éprouvée qu’il s’agisse d’édifier, d’enseigner ou d’expliquer.
  • 5. Philosophie et théologie. On rendra compte des interrogations de l’époque sur le pouvoir de la représentation. L’image est-elle un guide ou un obstacle àla vérité ?

Le temps de parole n’excédera pas 15 minutes pour les compte rendus et 35 à40 minutes pour
les exposés. Chaque communication pourra ainsi se concentrer sur la définition deproblématiques suffisamment ouvertes pour nourrir un débat accessible aux doctorants non
spécialistes du corpus spécifique au sujet de thèse de l’intervenant.
Les propositions d’environ 300 mots devront être accompagnées d’une courte notice bio-
bibliographique et envoyées àl’adresse polysemie.seminaire@gmail.com avant le 8 novembre
2013.

L’appel se trouve aussi sur le site de Polysémie.

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