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Littérature occitane de la Renaissance : deux nouvelles parutions.

dimanche 28 octobre 2012, par Guillaume Berthon

Signalons la publication de

- l’édition et traduction par Jean Penent des Eglògas de Pey de Garros (vers 1525-1583) : Toulouse, Letras d’òc, 2012 ;

- l’ouvrage de Jean-François Courouau intitulé Et non autrement. Marginalisation et résistance des langues de France (XVIe-XVIIe siècle) : Genève, Droz, Cahiers d’Humanisme et Renaissance, 2012.

Eglògas de Pey de Garros

Présentation de l’éditeur :

Pey de Garros, né dans une famille aisée de Lectoure, en Lomagne, aux alentours de 1525 mena une carrière juridique en Gascogne puis en Béarn jusqu’à sa mort en 1583.
Mais il est surtout connu comme celui qui par la publication de deux livres, les Psaumes de David viratz en rhythme gascon parus en 1565 et les Poesias gasconas parues en 1567 à Toulouse, renouvella profondément la littérature d’Oc au XVIe siècle.
Il est le premier qui, de façon totalement novatrice, assume dans l’expression littéraire les particularités dialectales du gascon dans l’ensemble occitan. Comme l’écrit Robert Lafont avec beaucoup de perspicacité, Garros marque, dans le devenir occitan, la naissance du gascon écrit. Utilisant dans son œuvre une graphie personnelle qui se situe en rupture avec les anciennes traditions d’écriture des archives, il veut ainsi faire entrer sa langue dans la modernité à l’instar des autres langues européennes.

Ses Eglògas constituent un des éléments les plus originaux de sa production poétique, mettant dans la bouche de ses personnages la langue concrète des paysans de la Gascogne de son temps, au service d’une expression littéraire de qualité.

Jean Penent, fin connaisseur de la langue de Pey de Garros, explicite de nombreux passages des Eglògas demeurés obscurs jusqu’ici.
Il propose au lecteur des hypothèses originales, faisant référence à la situation politique et religieuse des pays d’Oc.

Jean-François Courouau, Et non autrement...

Présentation de l’éditeur :

Peut-on être Français et parler une autre langue que le français ? Au XVIe siècle, la réponse est évidente : la vitalité, à l’oral, des langues de France (occitan, basque, breton, dialectes d’oïl, francoprovençal) fait partie de l’expérience quotidienne. C’est pourtant bien à ce moment-là que s’établit, dans l’espace culturel français, la hiérarchie qui prévaut encore de nos jours entre le français, langue haute comme le latin, et les langues locales, réputées basses. Cette répartition intervient moins sous l’effet de la fameuse ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) qui impose de rédiger en français « et non autrement » tous les actes administratifs que selon des critères sociaux. Dès le milieu du siècle précédent, les élites abandonnent peu à peu leur langue locale et épousent la cause d’une langue qui est à la fois celle du roi, du droit et de la culture dominante. La réflexion qui s’engage au XVIe siècle autour de la norme du français est menée par les théoriciens de la langue (grammairiens, auteurs d’arts poétiques) et elle se trouve relayée par des praticiens de la littérature (Rabelais et ses épigones). Globalement, la tendance qui s’impose est celle de la dévalorisation des parlers de France et du refus de la variation.

Cette marginalisation de la différence linguistique se heurte à la réalité de terrain pour l’Église de la Contre-Réforme qui développe des stratégies différentes selon les régions, engagée au Pays basque, mitigée, voire hostile, ailleurs. Finalement, ce sont les poètes qui choisissent d’écrire dans ces langues, comme l’occitan, qui en assurent la défense la plus efficace, posant cependant la question de l’autonomie de cette production littéraire par rapport aux schémas dominants français.

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