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Lyon, de l’empire au royaume, 843 - fin XVIe siècle
Appel expirant le 30 avril 2012
mardi 6 mars 2012, par
Compitum diffuse un appel à communication sur l’histoire de Lyon, que nous reproduisons.
Le colloque veut éclairer les diverses manières dont Lyon, ville et archevêché d’empire depuis 843, a été d’abord annexée par le capétien Philippe le Bel (avril 1312), avant de s’intégrer progressivement au royaume de France durant les trois siècles suivants.
Argumentaire
Il y a sept cents ans, en avril 1312 à l’occasion du traité entre Philippe le Bel et l’archevêque par lequel ce dernier renonçait au profit du roi capétien à sa juridiction séculière sur la ville de Lyon, cette dernière cessait de fait d’être un archevêché d’empire pour intégrer la construction territoriale capétienne.
L’anniversaire de cet événement fournit l’occasion de reconsidérer les conditions qui l’ont rendu possible et, à moins d’admettre à la façon des historiens « nationaux  » du XIXe et début du XXe siècle que cette intégration territoriale apparemment dénuée de toute violence allait de soi et de se contenter, ce qui fait déjà beaucoup, d’en explorer les modalités, pousse à reprendre l’enquête selon plusieurs directions, en appréhendant ces faits apparemment circonscrits selon une chronologie plus ample.
Seul un regard anachronique permet en effet d’oublier d’où provient le statut politique de Lyon antérieur aux événements de 1312, et de faire comme si les empereurs et les princes possessionnés en zone impériale avaient considéré avec indifférence l’incorporation de cet archevêché à l’ancienne Francie occidentale. De nombreux éléments indiquent qu’il n’en fut rien, c’est l’un des thèmes majeurs qui s’offre à la recherche. La focalisation de l’historiographie française sur les luttes internes à la ville du XIIIe siècle, et sur la capacité de la royauté capétienne à en jouer pour faire avancer ses intérêts, en miroir le relatif désintérêt de l’historiographie allemande pour l’ancien royaume de Bourgogne passé le haut Moyen Âge, ont masqué l’enjeu de taille que constituaient dans la durée les évolutions territoriales sur la frange orientale du royaume capétien. En d’autres termes, Lyon est-elle tombée dans l’escarcelle de Philippe le Bel par un concours de circonstances habilement exploité ou cette mainmise obéit-elle à une logique de construction étatique de plus grande ampleur, qu’il conviendrait de scruter avant l’événement et dont on pourrait suivre la continuation ensuite ? Sans tomber dans les vues téléologiques qui ont autrefois prévalu chez les historiens français, rien n’interdit de reprendre à nouveaux frais cette question, en profitant entre autres de l’exploitation de sources jusqu’ici mal prises en compte, et de tenter de l’encadrer, sur l’arrière-plan des frontières issues de la partition carolingienne de 843, dans la séquence au moins bi-séculaire (XIIe-XIIIe siècles) d’intégration – dans un premier temps par « récupération  » à l’ouest, dans un second temps par accroissement pur et simple à l’est – de territoires nouveaux par les souverains capétiens. L’un des fronts de cette avancée sinon systématique, du moins patiemment poursuivie vers l’est, pourrait se manifester, Lyon en serait alors l’une des expressions, par des entreprises menées en direction de villes épiscopales et de communautés ecclésiastiques faisant appel à la tutelle capétienne.
De cette reconsidération de l’événement, naissent trois thèmes constituant autant d’élargissements chronologiques, que veut indiquer le titre du colloque.
Le premier élargissement, en amont, invite à évoquer la première grandeur de Lyon depuis l’époque carolingienne, de part en part impériale justement, cela jusqu’au XIIIe siècle en fait, si l’on considère le double choix de Lyon par les papes, en tant que capitale conciliaire de la Chrétienté, comme de derniers avatars spectaculaires de leur conflit avec les empereurs. Une attention plus particulière peut être ici portée aux questions territoriales et de frontières, à la fois du point de vue des statuts successifs de Lyon dans l’Europe postcarolingienne et de son éventuel prestige comme cité épiscopale – qu’on songe au titre de siège primatial des Gaules que lui confère alors Grégoire VII.
Le XIIIe siècle apparaît central à tous égards dans le cadre du passage du statut de ville impériale à celui de ville « française  » et mérite un examen aigu : des signes tangibles d’intérêt pour Lyon se manifestent dans les sources capétiennes, des hommes du roi s’installent nombreux dans et autour de la ville, elle devient un point de convergence et de passage d’itinéraires papaux, princiers et royaux, en particulier en tant qu’accès à la vallée rhodanienne, elle-même noyautée territorialement par les Capétiens, la Provence de Charles d’Anjou s’imposant ici à l’esprit. La signification des conciles oecuméniques de 1245 et 1270, qu’on a référée à l’antique conflit du Sacerdotium et du Regnum, puis celle du concile de Vienne en 1311, méritent aussi d’être interrogées du point de vue des appuis « guelfes  » qu’ils offrent au roi dans ses visées idéologiques et ses pratiques expansionnistes.
Le second élargissement chronologique, en aval, veut revenir sur le non-événement historiographique que semble constituer l’intégration de Lyon au royaume, en cherchant à connaître, au-delà du caractère apparemment lisse de ce transfert – qui demeure à vérifier –, les manières dont cette ville est devenue royale, quasiment l’une des « bonnes villes  » du royaume de France, dans les temps de paix comme à ceux du royaume de Bourges et de la guerre de cent ans. D’une cité que les agents de Philippe le Bel jugent – d’un point de vue partial évidemment – peu peuplée et peu rentable fiscalement au début du XIVe siècle, la ville du confluent Saône-Rhône semble acquérir au cours de ces deux siècles une importance économique et commerciale qui en fait l’un des maillons forts du réseau urbain français à la fin du Moyen Âge. On attend de ce réexamen du destin lyonnais aux XIVe-XVe siècles des aperçus sur ces transformations, notamment à travers l’évocation du rôle pluriséculaire du fleuve Rhône comme frontière et lieu de passage.
Modalités de candidature
Merci d’envoyer un résumé (une page), à Alexis Charansonnet (alexis.charansonnet@univ-lyon2.fr) ou à Jean-Louis Gaulin ( Jean-louis.Gaulin@univ-lyon2.fr)
La date limite pour faire parvenir ces résumés est le 30 avril 2012.
Modalités : les intervenants seront pris en charge partiellement (voyage, hébergement)
Comité scientifique : Elisabeth Lalou ; Dominique Barthélémy ; Jacques Chiffoleau
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