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Corps héroïque, corps de chair dans les récits de vie de la première modernité.
Appel à communication expirant le 1er décembre 2011.
jeudi 20 octobre 2011, par
Colloque International à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, organisé par Christine Sukic au sein du CIRLEP (EA 4299), avec le soutien de PRISMES / Epistémè (EA 4398), 31 mai-1er juin 2012.
Le corps moderne s’invente, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Nadeije Laneyrie-Dagen (L’Invention du corps : la représentation de l’homme du Moyen Age à la fin du XIXe siècle, 1997), pendant la première modernité, comme le montre en particulier le développement des anatomies : la Fabrica de Vésale, publiée la même année que Des révolutions des sphères célestes de Copernic (1543) est une véritable révolution corporelle qui se reflète dans la perception du corps humain de cette période. Le système galénique des humeurs continue néanmoins à dominer la vision du corps, sans doute parce que le corps mélancolique s’accorde avec cette période de crise de la pensée, de perte des repères et de redéfinition des normes. Les théories des passions, nombreuses aux XVIe et XVIIe siècles, sont également caractéristiques d’une vision instable du corps, à laquelle elles apportent mouvement et versatilité.
Ce colloque propose une réflexion spécifique sur la représentation du corps dans les textes biographiques de la première modernité, qui revendiquent souvent une forme d’objectivité, voire de vérité historique. A cet égard, le corps joue dans ces textes un rôle primordial parce qu’il établit une sorte de preuve à cette « vérité  » affirmée - preuve décrite dans le texte et parfois illustrée par un portrait du sujet.
Cette « preuve par le corps  » prend plusieurs formes. Le corps peut, par exemple, révéler un aspect hors du commun du sujet de la biographie et en faire alors un être héroïque ou saint. Ainsi, dans sa « vie  » de Michel-Ange (1568), Giorgio Vasari consacre plusieurs pages aux funérailles de l’artiste, qui ont lieu vingt-cinq jours après sa mort. Le cercueil est brièvement ouvert pour permettre à tous de contempler le corps : « nous le vîmes intact, sans aucune puanteur, suggérant plutôt le repos d’un sommeil doux et tranquille. Outre le fait que les traits étaient restés identiquement ceux du vivant sauf un peu de couleur cadavérique, aucun membre n’avait de pénible altération ; la tête et les joues s’offraient au toucher comme s’il n’était mort que depuis quelques heures  ». Le corps inanimé fait l’objet d’une véritable transfiguration, selon l’un des topoï de l’hagiographie.
Mais le corps du sujet peut aussi être investi d’une forme de vérité physique, matérielle, révélant cette fois un être de chair. C’est la conception qu’en a John Dryden dans la « Vie de Plutarque  » qui précède la traduction des Vies de Plutarque de 1683. Reprenant les catégories de l’Histoire élaborées par Francis Bacon (commentaires ou annales ; Histoire proprement dite ; biographie), Dryden indique qu’avec la biographie on touche aux « circonstances minuscules, et à la dimension banale de la vie  » : « Ici, on vous conduit dans les appartements privés du héros : vous le voyez en vêtements d’intérieur, et on vous montre ses actions et ses conversations privées […]. Vous voyez ce pauvre animal raisonnable, aussi nu que la nature l’a fait ; et vous prenez connaissance de ses passions et de ses folies, et voyez en ce demi-dieu un homme  ». Le corps du héros biographé apparaît ici dans une nudité impudique, source d’intimité avec le lecteur et le biographe. Pour Vasari, le corps de Michel-Ange est celui d’un saint ; pour Dryden, le corps du héros est celui d’un homme. Le colloque permettra donc aussi, on l’espère, une réflexion sur le rôle de la représentation du corps dans le développement du texte biographique pendant la première modernité. Les textes ou documents étudiés seront des biographies, avec le sens large que ce mot peut avoir lorsqu’on le rapporte à la première modernité : vie, « vie et mort  », hagiographie, panégyrique, éloge, oraison funèbre, biographie de poète, de prince, de peintre, de criminel(le), de personnage historique, mais aussi autobiographie.
Toutes les aires géographiques de l’Europe de la première modernité peuvent être couvertes. La langue du colloque est le français ou l’anglais et les communications ne devront pas excéder 25 minutes. Certaines communications du colloque seront publiées dans la revue Imaginaires (université de Reims Champagne-Ardenne), après examen par un comité de lecture. Les frais d’inscription (50 euros, 30 euros pour les doctorants) couvriront cette publication, ainsi que les repas de midi et les pauses du matin et de l’après-midi.
Envoyez votre proposition de communication sous format Word (300 mots environ), accompagnée d’une brève notice biographique à Christine Sukic avant le 1er décembre 2011.
Centre Interdisciplinaire de Recherches sur les Langues Et la Pensée (CIRLEP EA 4299)
Directeur : Thomas Nicklas
Université de Reims-Champagne Ardenne
Campus Croix Rouge Bâtiment 13
Rue François Mauriac
51096 Reims Cedex
Voir en ligne : http://www.univ-reims.fr/CIRLEP
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