La réception des troubadours en Languedoc et en France (XVIe-XVIIIe siècles).

La Renaissance française célèbre Pétrarque mais elle ignore les troubadours occitans. On doit leur redécouverte aux Vies des plus célèbres et anciens Poètes provensaux
de Jean de Nostredame, publiées en 1575 à Lyon. L’influence de cet ouvrage fondateur
est considérable en France et en Europe durant les deux siècles suivants.
En France, les théories de Nostredame sur l’histoire littéraire médiévale sont reprises
par les érudits de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle, tels Claude
Fauchet et Étienne Pasquier, en qui on peut voir les fondateurs de l’historiographie
littéraire française. À leur tour, les idées de ces érudits sont intégrées dans les réflexions
menées à partir des années 1640 en Languedoc par des auteurs comme
Pierre de Caseneuve ou Pierre Borel. En Provence, enfin, se perpétue, à travers de
nombreuses modalités, l’enseignement de Nostredame.
Ce sont ainsi trois traditions érudites, trois lectures des troubadours qui se constituent.
Le colloque de Toulouse est consacré aux deux premières, celle élaborée par
les érudits français, de Fauchet jusqu’aux travaux de la petite Académie, autour
de Lacurne de Sainte-Palaye au XVIIIe siècle et celle constituée par les Languedociens
jusqu’à la veille de la Révolution. Le sens qui est assigné par ces historiens
ou ces acteurs de la littérature aux troubadours, dans chacune de ces traditions,
est complexe et touche à la conception de l’histoire nationale et de son articulation
avec l’histoire régionale, voire à la définition d’un sujet historique et littéraire
comme élément constitutif – ou pas – de l’identité politique et culturelle.
Ce colloque s’inscrit dans le cadre du projet international sur la « réception des
troubadours du XIIIe siècle à nos jours » coordonné par Daniel Lacroix et Jean-
François Courouau. Le colloque consacré à la réception des troubadours en Provence
aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles aura lieu à Aix-en-Provence en 2013.