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La défaite à la Renaissance.

lundi 25 avril 2011, par Guillaume Berthon

À l’initiative et sous la direction de Jean-Marie Le Gall, la SFDES prépare un ouvrage collectif qui paraîtra en 2013 sur le thème de « La défaite à la Renaissance ».

La Renaissance est découvertes, conquêtes et victoires. Toutes rivalisent avec celles des
Anciens et méritent d’être immortalisées. Mais qui dit victoires des uns, dit défaites des autres.
Or force est de reconnaître qu’on sait peut de chose sur la manière dont les Turcs ont ressenti
et dit Lépante, les Espagnols l’Invincible Armada ou les princes allemands la défaite de
Mülhberg ? Au delà des affrontements militaires, y a-t-il des défaites et des vaincus dans les
batailles littéraires, les controverses religieuses et les conquêtes amoureuses ? Il s’agit alors de
déterminer comment la chose a été dite, dans les différentes langues, de savoir comment
l’échec a été ressenti, reconnu et nommé. Des genres littéraires pour le dire, (l’élégie, la
plainte…), des formes artistiques musicales ou picturales pour le représenter ont-ils été
privilégiés ? Il s’agit aussi de savoir si le récit de la défaite obéit à une structure narrative
spécifique, peut être inspirée de la relation des défaites antiques, ou s’il est seulement l’envers
d’un récit de victoire qui veut que celui qui l’a emporté ne devait pas le faire, pour mieux
accroitre ses mérites. Une interrogation s’impose aussi sur l’image du vaincu : est il déprécié,
féminisé, bestialisé, barbarisé ou bien existe-il un honneur du vaincu. Son traitement est-il le
même lorsqu’il s’agit d’un étranger défait dans le cadre d’une guerre juste ou d’un concitoyen
écrasé dans le cadre des guerres civiles ? Il faut aussi être attentif aux stratégies de publication
mises en œuvre. En effet, publie-t-on ou cache-t-on la défaite, la sienne ou celle des autres.
Par delà la désignation ou l’occultation de l’évènement, se posent aux acteurs le problème de
l’interprétation à chaud de ce qui est advenu. L’échec ou la déroute sont-ils imputables aux
caprices de la fortune ou sont-ils des verdicts du Ciel et une manifestation de la providence
divine ? A moins qu’il ne faille lire la défaite à hauteur d’homme, comme la conséquence d’un
manque de prudence et de virtuosité politiques ou la conséquence de l’insouciance du prince
et de ses favoris. En d’autres termes, la défaite fait elle un vaincu, moralement, politiquement
et historiquement, responsable de son malheur. Ou n’accouche-t-elle que d’un infortuné, qu’il
faut plaindre d’être victime d’un accident imprévu et qu’il faut inviter à se grandir en faisant
preuve de virtù ? Les enseignements militaires tirés de la défaite dans les traités sur la guerre,
mais aussi les enseignements moraux sont donc à examiner. Cette analyse des contemporains
se dévoile au niveau des acteurs directement engagés dans l’épisode malheureux, mais aussi
plus largement à l’échelle de toute une population. Comment vit elle la défaite ? Avec fatalité,
résignation, colère ou recherche-t-elle des responsables ? Il s’agit de déterminer quelle part
d’une société est affectée voire traumatisée par l’onde de la défaite, jusqu’à quel degré elle se
sent impliquée dans ce qui se passe, afin de savoir s’il existe une culpabilisation collective.
Dès lors, la progression ottomane, jalonnée de défaites chrétiennes, le sac de Rome et la
présence étrangère en Italie, la mort de rois d’Écosse, de Hongrie ou du Portugal sur les
champs de bataille, la capture de François Ier ou de Philippe de Hesse, l’échec des colloques
religieux ou des paix de religion obligent à penser autrement la Renaissance. Peut on y
déceler une "culture de la défaite" pour reprendre un concept récemment développé par des
historiens pour rendre compte d’une phase historique.

Vous pouvez adresser votre proposition à Jean-Marie Le Gall, professeur d’histoire du XVIe
siècle, université Paris I Panthéon Sorbonne

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