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Journée d’études : la curiosité à la Renaissance

mardi 5 avril 2011, par Alice Vintenon

Journée d’études "La curiosité à la Renaissance", vendredi 29 avril 2011, à l’École Normale Supérieure (Ulm)

Étymologiquement dérivée de cura, le « soin », la curiosité apparaît tantôt comme un louable désir de connaître, manifestant la dignitas hominis, tantôt comme la recherche insatiable de vaines nouveautés ou de vérités hors de portée de la condition humaine. Dans notre imaginaire collectif, les plaidoyers exaltés des humanistes pour les disciplines restituées, pour les découvertes philologiques et scientifiques font de la Renaissance un âge d’or de la bonne curiosité.

Pourtant, l’enthousiasme de cette époque ne va jamais sans une profonde réflexion sur les limites de la connaissance : l’héritage augustinien semble amener ces mêmes humanistes à censurer cet appétit de savoir, soupçonné d’être le ferment de l’orgueil et de faire oublier la priorité de la foi.

Cette valorisation de l’humilité s’inspire également du modèle antique de Socrate, auquel Érasme attribue le mérite d’avoir « détourné les hommes de la curiosité pour des sujets qui ne les concernent pas » (Apophtegmes III, Socratica 22), comme les sciences de la nature, au profit des investigations apparemment plus modestes de la morale.

L’expression de l’ambivalence de la libido sciendi est portée à son comble dans le propos paradoxal du De incertitudine et vanitate omnium scientiarum d’Henri-Corneille Agrippa (1530), qui accumule de manière encyclopédique la totalité des doctrines et des disciplines développées par l’homme afin de démontrer leur vanité : la simplicité d’esprit est valorisée comme l’attitude la plus proche de la sainteté.

Quels critères sont alors utilisés pour distinguer bonne et mauvaise curiosité ? Si la ligne de partage semble parfois se superposer aux frontières disciplinaires, en condamnant par exemple des sciences aux objets extraordinaires ou lointains comme l’astrologie ou la divination, les travaux de Jean Céard ont montré que certains philosophes de la Renaissance mettaient parfois en question, de manière plus générale, la pertinence de l’assimilation de la curiosité à la rareté et se demandaient si les « merveilles » dignes d’investigation devaient être recherchées dans les phénomènes exceptionnels ou dans les réalités quotidiennes.

Il faut donc, on le voit, réinterroger sans cesse les valeurs données à la curiosité au cours de la Renaissance.

Pour prolonger les séances du séminaire « Polysémies. Littérature, arts et savoirs de la Renaissance », consacré en 2011 à la notion de curiosité, la présente journée d’étude cherchera à poursuivre la réflexion sur les représentations du curieux à la Renaissance, sur les différents objets de curiosité, et sur l’évolution de cette notion dans l’historie des idées.

Journée organisée avec le soutien du département Littérature et langages de l’ENS de Paris, du CSLF de l’Université Paris Ouest-Nanterre, et de l’Université Paris VIII.

Équipe organisatrice : Rachel Darmon (Paris VIII), Adeline Desbois (Paris IV), Arnaud Laimé (Paris VIII), Alice Vintenon (Paris X).

Contact : polysemies@yahoo.fr

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