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Créations d’atelier. L’éditeur et la fabrique de l’œuvre à la Renaissance.

Appel à communication expirant le 15 mai 2011.

lundi 4 avril 2011, par Guillaume Berthon

Créations d’atelier. L’éditeur et la fabrique de l’œuvre à la Renaissance.

Colloque organisé par Anne Réach-Ngô (Atelier XVIe siècle de Paris-Sorbonne)

1er-2 juin 2012, Paris

Le colloque « Créations d’atelier. L’éditeur et la fabrique de l’œuvre à la
Renaissance » s’inscrit dans la lignée des travaux collectifs déjà menés dans le cadre de
l’atelier XVIe siècle de Mireille Huchon, dont l’un des axes de travail vise à interroger les
pratiques éditoriales de la Renaissance (voir les actes des journées d’études et colloque :
Brigitte Ouvry-Vial, Anne Réach-Ngô (dir.), L’acte éditorial. Publier à la Renaissance et
aujourd’hui
, Paris, Classiques Garnier, 2010 et Anna Arzoumanov, Anne Réach-Ngô,
Trung Tran (dir.), Le discours du livre. Mise en scène du texte et fabrique de l’œuvre sous l’Ancien
Régime
, Paris, Classiques Garnier, actuellement sous presse). Jusqu’à présent, les réflexions
ont pour l’essentiel porté sur des situations éditoriales où l’imprimeur-libraire participe à
l’incarnation des œuvres « en belle forme de livre » et aux métamorphoses de l’objet une
fois la mise en texte effectuée. Les hommes du livre ont alors pu apparaître comme des
« passeurs de textes » (voir le colloque « Passeurs de textes : imprimeurs et libraires à l’âge
de l’Humanisme » organisé par Christine Bénévent, Annie Charon, Isabelle Diu et Magali
Vène en mars 2009), se chargeant de transmettre – en l’interprétant ‒ un écrit né du
travail d’une autre instance, anonyme ou identifiée, qui apparaît sous le titre d’« auteur » et
dont l’autorité et la légitimité commencent alors à se constituer.

Or certaines études récentes ‒ portant plus spécifiquement sur des auteurs, comme
Louise Labé ou Helisenne de Crenne, sur des ateliers, comme ceux d’Antoine Vérard ou
de Jean de Tournes, sur des milieux, comme celui des imprimeurs lyonnais ou parisiens
des années 1530-1550, ou encore sur des procédés éditoriaux, allant de l’illustration à la
catégorisation générique, comme dans le cas du canzoniere, pour ne citer que quelques
exemples ‒ de même que les recherches rattachées plus directement à la question de
l’auteur, d’un point de vue aussi bien historique, juridique que littéraire ‒ comme l’illustre
le cas Marot qui témoigne du rôle de l’acte de publication dans l’établissement d’un ethos

d’auteur ‒, tendent également à montrer que l’auteur, entendu comme une instance en
voie d’élaboration, est le résultat d’une construction, d’une « fabrication » (Marie-Pier
Luneau et Josée Vincent (dir.), La fabrication de l’auteur, Québec, Nota Bene, 2010) et que
l’éditeur entretient avec la figure auctoriale, présente au cœur du dispositif
communicationnel de l’œuvre en tant que rédacteur, traducteur ou compilateur, une
relation complexe (Martine Furno (dir.), Qui écrit ? Figures de l’auteur et poids des co-élaborateurs
du texte, de la fin du manuscrit à la Révolution (XVe – XVIIIe siècles)
, Lyon, Presses de l’ENSLSH,
2009).

Au-delà du simple rôle d’agent littéraire notamment mis en valeur par les travaux
de Brian Richardson, il peut donc paraître intéressant de s’intéresser aux fonctions et
pratiques de l’éditeur de la Renaissance lorsqu’il se situe à l’initiative de l’œuvre, non pas
seulement de sa mise en livre, mais également de sa conception. Ceci nous amènera dès
lors à considérer les cas où la genèse de l’œuvre n’est pas nécessairement envisageable
suivant deux étapes distinctes qui différencieraient mise en texte et mise en livre, mais en
un unique projet où les pratiques d’écriture se réalisent au moment même où se conçoit le
livre imprimé. Certes, la situation décrite est loin de correspondre à la majorité des œuvres
publiées, loin de là ; toutefois, les quelques cas qui ont pu être mis en valeur pourraient
être révélateurs de pratiques d’atelier plus courantes qu’il n’y paraît à première vue.

Ce colloque voudrait donc réunir des études de cas où l’on peut établir ou déduire
que l’éditeur est intervenu en tant que commanditaire de l’œuvre, l’atelier apparaissant
alors comme un lieu où s’invente l’œuvre elle-même. On s’intéressera notamment aux
situations éditoriales où l’éditeur fédère, orchestre ou avalise un projet d’édition, où
l’œuvre est le résultat de travaux d’écriture à plusieurs mains, de jeux littéraires destinés à
la publication, où la traduction est explicitement le résultat d’une commande éditoriale, où
les ouvrages s’écrivent pour répondre à une demande ponctuelle, à un contexte polémique
ou à un effet de mode éditoriale. On soulignera également l’importance de certaines
figures de la vie intellectuelle qui fréquentent les milieux éditoriaux, participent à la
diffusion des idées et des écrits nouveaux, interviennent parfois silencieusement pour
favoriser l’innovation et la créativité littéraire en envisageant notamment les pratiques
d’écriture collaborative ou ludique. On pourra enfin se demander quelles figures
auctoriales véhiculent ces ouvrages, selon quels procédés ils élaborent une représentation,
fidèle ou fictive, de la création littéraire et dans quelle mesure la réalité de l’atelier
d’imprimerie et ses représentations, dans leur écart même, participe à la constitution d’une
imaginaire de l’auteur, de l’éditeur et du lecteur qui concourt au renouvellement, avec le
développement d’une culture de l’imprimé, du mythe de la création littéraire à la
Renaissance.

Les propositions de communication, d’une demi-page, assortie d’un titre provisoire et de
l’adresse institutionnelle de leur auteur, sont à envoyer par voie électronique avant le 15
mai 2011
à Anne Réach-Ngô.

Comité scientifique  : Roger Chartier (Collège de France), Mireille Huchon (Université
Paris-Sorbonne), William Kemp (Université McGill, Montréal), Jean Vignes (Université
Paris Diderot-Paris 7).

P.-S.

Illustration : Presses, détail, 1568 (source : Wikimedia Commons).

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