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La médiatisation de l’écrit, de la naissance de l’imprimé à l’ère électronique.

Appel à communication expirant le 15 décembre 2009.

mercredi 2 décembre 2009, par Panurge

Colloque international et interdisciplinaire

organisé par ILLE

(Institut d’Études en Langues et Littératures Européennes, Université de Haute-Alsace, Mulhouse)

La médiatisation de l’écrit, de la naissance de l’imprimé à l’ère électronique

21-23 octobre 2010

Si l’histoire de l’édition s’est intéressée depuis plusieurs années déjà à la « troisième révolution du livre », c’est-à-dire au passage de l’objet-livre de la forme du codex à celle de l’« écrit d’écran », les enjeux communicationnels des dernières mutations de l’écrit n’ont pas encore été véritablement explorés en termes linguistiques suivant une large amplitude diachronique. Ce colloque se propose donc d’examiner les implications discursives de la médiatisation de l’écrit, en analysant comment les mutations du support textuel, de la naissance de l’imprimé à l’ère électronique, en passant notamment par le développement de la presse, peuvent conditionner la nature des types de discours produits, les pratiques d’écriture engagées et les modalités de communication mises en jeu. En étudiant conjointement l’évolution des types de texte et des supports qui en ont été les véhicules, on voudrait examiner comment la relation que le discours entretient à son support résulte des mutations socio-culturelles du statut de l’écrit et traduit en somme les conceptions et les attentes qu’une société se fait de la notion même de « texte ».

Envisagé comme un horizon initial ou comme un point d’aboutissement accidentel, voire provisoire, l’acte de publication – qu’il soit imprimé ou électronique – pose la question de l’adaptation du discours à sa destinée écrite. On reconnaîtra en effet que la médiatisation écrite, loin de ne constituer que la seule modalité possible de transmission des idées, s’est toutefois imposée dans l’imaginaire collectif comme le medium susceptible de veiller le mieux possible à la conservation des documents écrits et à leur patrimonialisation. Mais peut-on estimer pour autant que la médiatisation écrite, dans ses mutations les plus diverses, participe véritablement de l’identité linguistique des textes ? Si l’on a considéré par exemple que le développement de l’imprimerie avait concouru pour beaucoup à l’élaboration et à la fixation des langues nationales européennes, peut-on considérer que les nouveaux medias écrits des siècles suivants, tels la presse ou l’Internet, ont encouragé un renouvellement similaire de la langue française ?

L’apparition de la reproduction mécanique des textes avec l’invention de Gutenberg constitue une étape importante de cette adaptation de l’écriture aux contraintes du support. Les spécialistes de l’histoire du livre ont déjà montré que les conditions de production du texte imprimé - la multiplication d’exemplaires identiques destinés à un public devenu anonyme, la circulation des livres au sein de réseaux commerciaux spécialisés suivant les types de textes et les usages du livre des différentes sphères de public, la mise en place d’un dispositif juridique contrôlant la production de l’écrit et exerçant un pouvoir de censure -, conditionnaient les politiques éditoriales engagées, la nature des textes sélectionnés ainsi que les modalités de diffusion des livres publiés. De même, le développement de la presse et plus généralement le passage à la librairie de masse à l’époque industrielle ont éclairé l’étude de la politisation des écrits et de l’essor des diverses propagandes, quelque soit leur orientation idéologique. On voudrait donc prolonger l’étude de ces processus socio-culturels en examinant leur influence sur l’identité linguistique des textes produits. Dans quelle mesure le dispositif typographique du livre imprimé de la Renaissance a-t-il conditionné une structuration discursive des textes d’idées comme des textes narratifs et poétiques ? Comment les potentialités matérielles du dictionnaire imprimé des Lumières ont-elles participé à l’élaboration d’un style encyclopédique ? Selon quelles modalités l’apparition du discours journalistique a-t-il pu transformer le style des auteurs qui lui étaient contemporains ? Dans quelle mesure la publication en feuilletons a-t-elle pu privilégier une forme d’écriture de l’amplification et du suspense ? Telles pourraient être les problématiques que suscite une réflexion sur la médiatisation de l’écrit à l’époque moderne et contemporaine.

En outre, en réduisant l’espace et le temps de la publication à l’immédiateté de la transmission numérique, l’apparition d’un nouveau support d’information et de communication, l’Internet, a créé une situation de communication où l’échange du dire s’accomplit en temps réel. Les modalités déictiques, les jeux de registre, la performativité du texte en ligne constituent alors le socle de la relation communicationnelle, dénonçant l’opposition factice que Nelson Goodman avait déjà mise à mal entre oralité et écriture. La distance qui séparait l’opération de la lecture de celle de l’écriture se trouvant également abolie, les anciens acteurs du livre, devenus des instances médiatiques, se trouvent soumis à une nouvelle répartition des fonctions, plus fluctuante, entre producteurs de textes, aussi bien autorisés qu’anonymes, et consommateurs de textes, lecteurs érudits, expérimentés, mais aussi lecteurs occasionnels, susceptibles de devenir, à leur tour, auteurs, commentateurs et éditeurs de texte. La nature même du support de publication, l’écran, à la fois identique pour tout texte et non-spécifique à la communication écrite - puisque le texte côtoie le plus souvent l’image et le son -, efface toute différenciation des textes selon les types et les genres de discours et amoindrit la hiérarchie des autorités qui président aux différents discours publiés. Enfin, l’hypertextualité, en favorisant la navigation des lecteurs au sein d’un espace ouvert et en perpétuelle reconfiguration, met un terme à la finitude définitoire du texte publié et renouvelle l’entreprise de monumentalisation que pouvait représenter l’acte de publication. Ces mutations contemporaines de l’écrit signalent-elles dès lors l’existence d’une nouvelle langue des médias numériques ?

Les corpus d’étude choisis pourront porter sur des œuvres littéraires publiées sous forme de manuscrits, livres imprimés, feuilletons dans les journaux, sur des textes issus de la presse écrite ainsi que sur des cybertextes, tels que les journaux et correspondances électroniques, blogs personnels, journalistes, politiques, etc. On privilégiera les analyses qui s’attacheront à comparer le passage d’un même objet textuel d’un support à l’autre (du texte manuscrit au livre imprimé, du journal version papier à sa version en ligne) en s’interrogeant également sur l’existence des influences réciproques de l’imprimé au manuscrit, de la version électronique à la version papier, etc. En confrontant les pratiques d’écriture, les procédés de distribution et les stratégies de lecture des textes, ce colloque voudrait donc réunir les réflexions de chercheurs spécialistes de linguistique, littérature, histoire des idées culturelles, histoire du livre et de l’édition, sciences de l’information et de la communication, qui s’intéressent au statut du texte et aux modalités de sa communication, du XVe au XXIe siècle.

Les titres et résumés des communications, d’environ une demi-page, accompagnés des adresses institutionnelles, sont à envoyer uniquement par voie électronique à Greta Komur et Anne Réach-Ngô avant le 15 décembre 2009.

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