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Le génie du lieu. La réception du langage classique en Europe (1540-1650) Sélection, interprétation, invention

11-13 juin 2009

jeudi 21 mai 2009, par Antoine Roullet

L’INHA et le Centre André Chastel organisent les cinquièmes rencontres d’architecture européenne, les 11-13 juin 2009, à l’auditorium de l’INHA.

Le langage classique né à Rome au début du XVIe siècle s’est répandu largement en Italie, surtout après le sac de Rome en 1527, puis dans l’Europe entière par le truchement des livres de Serlio en 1537 et 1540. Toutefois, dans un grand nombre de cas, les architectes n’ont pas cherché à copier servilement un modèle ; ils l’ont interprété en fonction des préférences visuelles que leur dictaient leur goût personnel, mais surtout les habitudes propres au lieu. Ainsi ont-ils sélectionné, interprété, inventé : l’élévation d’un palais vénitien ne saurait se confondre avec celle d’un palais romain ; les ordres envahissent les lucarnes en France, les pignons dans les Flandres.
Longtemps les historiens de l’art ont eu tendance à qualifier de « barbarisme » tout écart des règles édictées dans les traités. Ce faisant, ils ont beaucoup exagéré la portée de ces règles. On sait aujourd’hui combien, à Rome même, les plus grands architectes se sont écartés d’une théorie qu’ils ne semblent jamais avoir perçue comme un dogme. Cette lecture normative a eu pour conséquence d’appauvrir singulièrement notre perception de ces œuvres qu’il faudrait analyser avec sensibilité pour ce qu’elles sont, et non en fonction de ce qu’elles devraient être. Il est temps aujourd’hui de réexaminer ces prétendus barbarismes en distinguant les constructions ordinaires où les maîtres d’œuvre empruntent aux illustrations des traités un vocabulaire classique simplifié ou mal compris, et les créations originales où le langage classique est utilisé de façon inattendue pour créer des effets nouveaux.
Ce processus de réception créatrice affecte aussi bien le répertoire ornemental (ordres, bossages, mouluration …) que les modes d’organisation des volumes et des façades (avant-corps, travée alternée, motif triomphal…), et il s’exprime à la fois dans des expériences individuelles, éventuellement sans lendemain, et des traits propres à chaque milieu créateur.
La dernière question que nous poserons est de savoir si ces glissements et ces singularités peuvent s’expliquer par des usages constructifs ou distributifs, par l’existence d’une esthétique propre à un milieu et par des préférences formelles définies antérieurement, qui persistent à travers les évolutions stylistiques pour constituer la « longue durée » de plusieurs histoires parallèles et diversifiées de l’architecture européenne.

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