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Bon Usage et variation sociolinguistique : perspectives diachroniques et traditions nationales
Murray Edwards College, University of Cambridge, 16 18 Juillet 2009
samedi 22 novembre 2008, par
L’université de Cambridge diffuse un appel à communication sur le bon usage de la langue française, du XVIe siècle à nos jours.
Parmi les champs de réflexions les plus caractéristiques de l’histoire de l’activité grammaticale en France, on trouve le souci de déterminer, parmi toutes les variantes, le « bon usage  ». Cette notion de « bon usage  », aujourd’hui chargée de connotations archaïques et élitistes, est souvent perçue comme un ensemble de prescriptions normatives correspondant à un modèle socioculturel.
Dans ce colloque, parmi les problématiques propres à ouvrir le débat :
* Nous souhaiterions nous interroger sur l’évolution de la notion de « bon usage  » : Quels sont les facteurs qui ont influencé la conception du « bon usage  » ? A quels enjeux socioculturels cette tradition correspond-elle ?
Pour élaborer le « bon usage  », de Tory à Vaugelas et ses successeurs, les grammairiens et les remarqueurs se sont appuyés sur l’observation de productions diverses : littérature, textes non littéraires, communication orale. Un problème typique est celui de la délimitation sociale et géographique des locuteurs pouvant représenter le « bon usage  ». Selon la période, l’appartenance religieuse, l’importance accordée à l’écrit et à l’oral, les modèles ont beaucoup variés et se sont déplacés notamment de l’idéal savant au Palais ou à la Cour.
La période prise en compte ira du XVIe siècle - pendant lequel circule l’idée de « correction de langage  » - au XXIe siècle.
* Nous souhaiterions également nous interroger sur le caractère prescriptif des ouvrages sur le « bon usage  » : l’élaboration du « bon usage  » se fonde-t-elle toujours sur une réduction des variantes ?
En 1689, le remarqueur N. Andry de Boisregard écrivait « c’est un défaut ordinaire à nos Grammairiens de s’imaginer que dés qu’une chose se dit de deux façons, il faut condamner l’une pour autoriser l’autre. Pourquoy ne pourront-elles pas estre toutes deux bonnes ?  ». Si Vaugelas, dans ses Remarques sur la langue Françoise (1647), s’appuyait souvent sur un modèle prescriptif il y a également des observations dans lesquelles il adopte une position plutôt « sociolinguistique  ». Il reconnaissait la valeur relative des différents usages et présentait une analyse nuancée selon laquelle les usages sont plus ou moins bons selon le contexte, le registre, le style...
* Suite à cette question nous voudrions examiner dans quelle mesure les textes qui prescrivent le « bon usage  » nous fournissent des données précieuses sur la variation sociolinguistique, surtout pour les périodes antérieures.
En utilisant par exemple des formules telles que « Ne dites pas X ...  » ou « X est une faute  » ces textes nous renseignent-ils sur les usages régionaux, populaires...? Dans quelle mesure constituent-ils des sources intéressantes pour l’étude du français « non-standard  », objet difficile à décrire pour les périodes où nous manquons d’enquêtes ? D’autre part, pour les époques où nous n’avons pas d’enregistrements, les observations sur les mediums d’expressions donnent-elles des témoignages utiles pour la description de l’oral ?
* Comment cette tradition évolue-t-elle aujourd’hui ? Le Bon Usage de Grevisse s’inscrit-il dans une filiation ?
Nous aimerions considérer les influences directes et indirectes entre les différents textes qui s’appuient sur le « bon usage  ». Dans quelle mesure Grevisse, décrit dans une des préfaces comme « le Vaugelas du 20e siècle  », suit-il les traces des remarqueurs ? A quel point les différentes traditions nationales s’influencent-elles les unes les autres ?
* Nous proposons donc d’élargir le champ à d’autres traditions nationales pour essayer de dégager des spécificités de cette notion dans d’autres langues.
Si notre réflexion commence par la tradition française et surtout par la tradition des remarqueurs nous voudrions situer les textes français en nous interrogeant sur les manifestations de la tradition du « bon usage  » dans d’autres pays européens. A quel point est-il possible d’identifier des notions communes qui unifient toutes les traditions ? A quel point les grammaires du « bon usage  » s’adaptent-elles au contexte national particulier ?
Organisation du colloque
Ce colloque se fait dans le cadre du projet ’Observations on the French language’, subventionné par la Arts and Humanities Research Council de la Grande-Bretagne. Les organisatrices sont Wendy Ayres-Bennett et Magali Seijido, Université de Cambridge.
Comité scientifique
Wendy Ayres-Bennett, Université de Cambridge
Philippe Caron, Université de Poitiers
Jean-Marie Fournier, Université de Paris III
Douglas Kibbee, Université d’Illinois at Urbana-Champaign
Francine Mazière, Université Paris XIII
Gilles Siouffi, Université Paul Valéry, Montpellier III
Conférenciers invités
Sylvie Archaimbault (Directrice du laboratoire d’histoire des théories linguistiques UMR 7597 - CNRS/Université Paris-Diderot) : sur la tradition russe
Ingrid Tieken-Boon van Ostade (Universiteit Leiden) : sur la tradition anglaise
Nicola McLelland (University of Nottingham) : sur la tradition allemande
Danielle Trudeau (San José State University) : auteur du livre Les Inventeurs du bon usage 1529-1647, Minuit 1992
Modalités
Les communications pourront se faire en français et en anglais.
Les propositions de communication, qui ne doivent pas contenir plus de 350 mots, sont à envoyer avant le 15 janvier par document attaché à l’adresse électronique suivante : ms693@cam.ac.uk. Une réponse sera donnée avant le 28 février 2009.
Des informations sur le logement, le programme et les frais d’inscription seront mises sur le site web du colloque.
Pour tout renseignement supplémentaire, contacter Dr Magali Seijido.
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