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Les méditations cosmographiques à la Renaissance.

Colloque du Centre Saulnier (Paris IV), jeudi 13 mars.

mardi 26 février 2008, par Panurge

Colloque du Centre de recherche V.-L. Saulnier (Université de Paris IV- Sorbonne).

Jeudi 13 mars 2008, 9h – 19h. Sorbonne, salle des Actes.

Organisé par Jean-Marc Besse (CNRS), Marie-Dominique Couzinet (Paris I) et Frank Lestringant (Paris IV), avec le concours d’Alexandre Tarrête (Paris IV).

Texte de présentation.

Texte rédigé par les organisateurs du colloque (Jean-Marc Besse, Marie-Dominique Couzinet, Frank Lestringant).

« On peut légitimement se poser la question de savoir pourquoi Gérard Mercator a ressenti la nécessité de décrire son Atlas comme un ensemble de « cosmographicae meditationes de fabrica mundi et fabricati figura », et pourquoi, en outre, il a fait précéder son recueil de cartes d’une longue dissertation (« De Mundi creatione et Fabrica Liber ») qui se présente à la fois comme un commentaire philosophique de la Genèse et comme une discussion ambiguë avec le platonisme. On le sait, l’Atlas de 1595 est l’aboutissement d’un projet conçu dans les années 1560 (présenté dans la Chronologia de 1569, mais déjà présent dans le petit livre publié en 1563 à Cologne par son fils Bartholomée, Breves in sphaeram meditatiunculae), et l’on a pu penser que l’essentiel de la perspective philosophique de Mercator avait été fixé dans ses grandes lignes dès les années 1530, au sortir des années d’étude à Louvain.

Le résultat de l’effort de si longues années, c’est-à-dire le texte même rédigé par le cartographe flamand, ainsi que le titre (et le genre littéraire) sous lequel il a voulu ranger ses réflexions, n’ont jusqu’à présent qu’assez peu retenu l’attention des historiens. L’argumentation développée par Mercator n’a pas encore fait l’objet d’un commentaire (rappelons néanmoins le colloque Saulnier consacré à « La Méditation en prose à la Renaissance » en 1989, et publié dans les Cahiers V. L. Saulnier n° 7).

Pourquoi Mercator a-t-il choisi ce terme ? Pourquoi a-t-il voulu caractériser son entreprise cartographique en la rapportant au genre de la méditation ? Qu’est-ce que ce choix nous apprend sur la conception de la cosmographie développée par Mercator, mais aussi peut-être plus largement par les autres cosmographes de son temps ? Telle est l’interrogation initiale qui a donné naissance à ce colloque.

Mais on sait, par ailleurs, que le seizième siècle a été marqué par le développement, et le redéploiement de pratiques spirituelles largement héritées de l’Antiquité et du Moyen Âge, et relevant de la tradition des exercices spirituels. Pierre Hadot et Juliusz Domanski ont montré, en particulier, la puissance organisatrice du schème méditatif mis en œuvre dans les divers secteurs de la culture savante. Et l’on peut observer en quoi la géographie et la cosmographie sont mobilisées à l’intérieur de ces pratiques méditatives, en quoi la considération des cartes et des globes en constitue un moment décisif. L’appropriation méditative trouve en effet un instrument privilégié dans les globes et les cartes, comme supports permettant de s’élever à une vision d’en haut. La construction d’un point de vue, observatoire élevé permettant de prendre une distance à l’égard des choses du monde, tend à la moralisation ou autorise une vision éloignée et un jugement impartial.

La question est donc double : comment peut-on expliquer que le discours cosmographique cherche à se donner la forme de la méditation ? Mais comment, symétriquement, peut-on comprendre que les exercices spirituels mis en œuvre durant cette période de la Renaissance tardive en viennent à mobiliser les ressources intellectuelles et graphiques offertes par la cartographie, la géographie, la cosmographie ?

L’objectif du présent colloque serait alors de chercher à définir le genre « méditation cosmographique », dont on peut certes trouver une illustration exemplaire chez Mercator, l’inventeur du nom en quelque sorte, mais dont on postule ici qu’il renvoie à un dispositif réflexif plus vaste, et assez largement répandu, quoique sous des apparences diverses, à la Renaissance.

Ce souci général peut se décliner sous la forme de plusieurs questions, à vrai dire non exclusives les unes des autres, et qui sont proposées à la réflexion des participants au colloque :

1/ Quels sont les objets utilisés comme supports pour la méditation cosmographique ? Et comment sont-ils présentés, exploités dans leur « potentialité méditative » ? On sait que le globe, ainsi que la mappemonde constituent des supports privilégiés de la méditation. Mais il y en a peut-être d’autres, notamment les cartes chorographiques.

2/ Quelles sont les formes littéraires et iconographiques adoptées pour la mise en œuvre et le développement de la méditation cosmographique ?

3/ Peut-on rapporter ces formes littéraires et iconographiques à des modèles, voire à des sources, à une généalogie qui serait, à la Renaissance, à la fois prolongée et transformée ?

4/ Quelles sont les destinataires, et les destinations (morales, métaphysiques, spirituelles) de ces méditations ?

5/ Quels sont les enjeux contextuels, politiques et/ou religieux de ces pratiques à la fois savantes et philosophiques si singulières ?

Au bout du compte, c’est autant une interrogation sur la nature du genre méditatif en cosmographie, que sur ses contextes d’apparition et ses usages, que ce colloque aimerait susciter. »

Programme du colloque.

Matinée :

9 h :
Frank Lestringant (Directeur du Centre Saulnier, Paris IV).
Ouverture.

9 h 30 :
Patrick Gautier-Dalché (EPHE, Paris).
Les antécédents médiévaux de la méditation géo-cartographique.

10 h :
Angelo Cattaneo (IRHT/C.N.R.S, Paris).
Cosmographie et prédication médiévale et renaissante.

10 h30 :
Giorgio Mangani (Università Politecnica delle Marche, Ancone).
Città per pregare.

11h :
Discussion et pause.

11 h 30 :
Pierre-Antoine Fabre (EHESS, Paris).
Le monde dans notre lieu. Louis Richeome, inventeur du noviciat jésuite de Rome.

12 h :
Jörg Dünne (Ludwig-Maximilians-Universität, Munich).
Méditation, médialité et subjectivité : du regard d’en haut à la projection cartographique.

12 h 30 :
Discussion.

13 h – 14 h 30 : Déjeuner.

Après-midi :

14 h 30 :
Fernand Hallyn (Département de français, Universiteit Gent).
Les colonnes d’Hercule chez Dante et Bacon.

15 h :
Isabelle Pantin (ENS, Paris).
Altior incubuit animus sub imagine mundi : l’inspiration du cosmographe d’après quelques gravures d’Oronce Finé.

15 h 30 :
Tom Conley (Department of Romance Languages, Harvard University)
Via Apian : Points de fuite de La Cosmographie (1524-1609).

16 h :
Discussion et pause.

16 h 30 :
George Tolias (FNRS, Athènes).
Méditations cosmographiques et historiques dans le Parergon d’Ortelius.

17 h :
Thibaut Maus de Rolley (Worcester College, Oxford).
Méditations cosmographiques dans la fiction de la Renaissance.

17 h 30 :
Marie-Dominique Couzinet (Université Paris I–CESR-CNRS).
Critique des méditations cosmographiques et critique du pédantisme à la fin du XVIe siècle (Montaigne, Bruno).

18 h :
Discussion.

18 h 30 :
Jean-Marc Besse (UMR Géographie-cités, CNRS/Paris I/Paris VII).
Conclusions.

19 h : Fin du colloque.

P.-S.

Illustration : Vignette de la carte de Waldseemüller, détail, avant 1506 (source : Wikimedia Commons).

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